En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites ou vous proposer des contenus en rapport avec vos centres d’intérêts. OK

RéfleXions Ophtalmologiques la revue

Editorial - Avril 2018 - n° 214

Rocio Blanco-Garavito

Le diabète : la pandémie de notre temps

Le nombre de personnes diabétiques dans la planète a plus que doublé durant les 20 dernières années. Le diabète de type 2 n’épargne plus les enfants ni les adolescents. En France, il s’agit d’environ 5% de la population totale. C’est aussi un problème sociale et non seulement un souci de santé publique, ceci s’explique par les grandes disparités entre niveaux socio-économiques et prévalence du diabète, y compris en France. Les projections en matière de santé estiment que le coût de la prise en charge du diabète dans le monde augmentera: on passera d’une dépense pour des soins en relation avec le diabète chiffrée en 2010 à 376 milliards de dollars à 410 milliards en 2030.
Du fait de cette grosse augmentation dans l’incidence du diabète, l’oedème maculaire diabétique pourrait bientôt être une des causes les plus importantes de perte d’acuité visuelle nécessitant un traitement par l’ophtalmologiste. Effectivement, les complications rétiniennes surviennent chez plus de la moitié des patients après 10 ans de diabète.
La prise en charge de l’oedème maculaire diabétique évolue. Le laser va-t-il avoir encore une place? Les options thérapeutiques sont élargies grâce à des molécules régulant les facteurs d’angiogenèse et d’inflammation. Des multiples voies thérapeutiques sont explorées en ce moment par des groupes pharmaceutiques qui comprennent bien l’enjeu économique.
Et pour la rétinopathie diabétique, les paradigmes changent, le débat ne fait que commencer : l’utilisation des IVT d’anti VEGF fait régresser la rétinopathie diabétique … Y a t-il une possibilité d’un suivi régulier chez ces patients si on les traite exclusivement par des anti-VEGF ? Sommes-nous obligés de diminuer leur champ visuel, en faisant une photocoagulation pan rétinienne (en détriment aussi de leur capacité d’adaptation à l’obscurité), soit disant, car le suivi de ces patients est « difficile » ?
Lors d’une présentation un peu controversée par Dr Bailey Freund, une collègue ophtalmologiste et moi, nous posions la question de savoir : quel traitement choisirions-nous pour nous-même (dans le cas hypothétique ou on serait atteint d’une rétinopathie diabétique proliférante)… ? J’ai dit: « Je crois que je choisirais des IVT (même si j’ai peur d’une endophtalmie) »… La raison ? J’apprécie trop mon champ visuel. De plus, j’ai un début d’arthrose au cou, je compte ne pas trop pouvoir tourner la tête dans les années à venir… Elle, elle préférait une bonne photocoagulation… once and for all. Elle se fait très peu confiance pour un suivi régulier chez l’ophtalmo, et moins encore pour un contrôle glycémique stricte !!
Si les avis entre médecins diffèrent, pourquoi ne pas demander au patient ce qu’il souhaite ? On le fait déjà pour les patients DMLA en leur proposant soit un protocole PRN ou un protocole Treat and Extend. On le fait aussi pour les patients qui auront besoin d’être opèrés de cataracte… de loin, de près ou les deux ? Donc, s’agit-il d’une fenêtre d’opportunité pour établir une direction thérapeutique en binôme avec le patient ? Cela pourra-t-il augmenter son adhésion au traitement ?
En espérant que ce dossier vous invite à la réflexion et à re découvrir le diabète
(PS : Vous choisiriez quoi pour vous ?)